Retour dans la Sierra : Riobamba, Salinas et Alausi

Les photos

Samedi 9 septembre : vers Riobamaba (Yves) 

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Après six jours aux portes de l’Amazonie, nous reprenons ce samedi notre lente descente en bus vers le sud.
Pour la première fois depuis notre départ en juillet dernier, c’est avec une petite pointe de regret que je monte dans le bus ce matin au départ de Tena.
Même si nous avons eu un bel aperçu  de l’Amazonie, jeudi lors de notre journée avec Luis, c’est la première fois que je me dis que nous aurions pu aller un peu plus loin en Amazonie. Mais les circonstances en ont décidé autrement. La déception est d’autant plus atténuée que nous n’avons pas la certitude que les garçons auraient supporté de rester plusieurs jours en Amazonie profonde tant le climat est exigeant pour les organismes.
Et puis, puisqu’il est toujours préférable de voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide, cela nous donne une bonne raison de revenir un jour en Equateur pour nous enfoncer pour de bon en Amazonie.

En attendant, c’est une longue journée de bus (plus de 5 h) qui nous attend pour rejoindre Riobamba, au centre du pays, via Puyo et Baños, deux villes que nous connaissons bien désormais.
Heureusement, pour nous aider à passer le temps, la compagnie de bus, a programmé un « super film » indien d’au moins 2 h 30 avec des gentils, des méchants et un super agent secret plus fort que Superman.
Le scénario est épais comme une feuille de papier à cigarettes, mais il a le mérite de tenir en haleine les gars jusqu’au bout.

Nous arrivons à Riobamba peu après 15 h.
La ville qui se trouve à 2700 m d’altitude doit son nom à la combinaison du mot espagnol rivière (Rio) et du mot quechua vallée (bamba). Il illustre parfaitement la topographie de la région ainsi que son riche mélange de cultures. Riobamba compte en effet une importante population indigène. Pourtant, ce qui nous impressionne le plus en nous promenant le long de l’avenue Leon Borja, l’artère principale de la ville, c’est plutôt la forte empreinte occidentale qui se dégage de la ville. Par moment, nous avons presque le sentiment d’être dans une ville américaine. Il y a même un »diner » qui sert des burgers dans une ambiance new yorkaise !!!
Autre changement, après une semaine dans la touffeur de l’Oriente, les polaires et les pantalons sont de nouveau les bienvenus. Et ce n’est qu’une première étape, car demain nous reprenons notre route pour rejoindre Salinas, un petit village isolé au pied d’un promontoire abrupt à plus de 3500 m d’altitude, devenu au fil des ans un modèle de développement rural. Nous avons hâte de voir ça.

Merlin: « Je prendrai bien une Simone » ? Au moment de commander une pizza small.
Merlin toujours : « les gâteaux me font envie, mais j’ai l’impression qu’il y a de l’or dessus »

Dimanche 10 septembre : Salinas (Malo)

Après une escale à RioBamba, nous avions prévu de prendre la route pour Salinas, une petite ville où se sont développées des coopératives de chocolat et de fromage.
Nous nous sommes donc levés assez tôt pour prendre le bus pour Guaranda, située à côté de Salinas. Pendant le trajet nous avons notamment pu apercevoir le volcan Chimborazo, le sommet le plus haut du monde par rapport à sa place sur l’équateur malgré sa taille (6300m).
Une fois arrivés à Guaranda, nous avons pris une « camionetta » jusqu’à Salinas. Nous nous sommes ensuite posés dans notre hôtel avant de sortir manger et croiser Anthony, que nous avions vu à Quilotoa. Après le repas (pizza) nous sommes partis randonner deux heures dans les montagnes aux alentour, et le mal de l’altitude se faisait sentir. En effet, nous venions de passer de 1000 à 3500m en une matinée! Après cette rando, nous sommes rentrés prendre un petit goûter et faire un peu d’école avant de partir manger dans le froid (10C), un changement par rapport à l’Amazonie…

Lundi 11 septembre : Visite des coopératives de Salinas (Yves)

Dès notre arrivée à Salinas, hier en fin de matinée, nous sommes tombés sous le charme de ce petit village qui respire la joie de vivre.
Dimanche après-midi, jour chômé en Equateur, nous nous sommes notamment régalés à regarder les hommes du village, quels que soient leurs âges, disputer d’incroyables parties de volley à trois contre trois sur la petite place du bourg dans une ambiance de kermesse. Le tout sur fond de jeux d’argent, les résultats des matches faisant l’objet de paris entre les différents protagonistes.

Cette ambiance particulière nous a donné envie de voir plus loin et de chercher à comprendre comment ce petit village de miséreux où la moitié des enfants mourraient avant l’âge de 5 ans à la fin des années 70, était devenu en l’espace d’une cinquantaine d’année une sorte d’Eldorado social et un modèle de développement rural (cf. le post de Malo sur le sujet).
Tout repose en fait sur un système de coopératives initié par un missionnaire italien (Antonio Polo) en 1971. Ce dernier pensa que fabriquer et vendre des produits laitiers assurerait une meilleure vie aux campesinos (les paysans) du coin. Il les aida à contracter un crédit collectif, acheter les équipements et importer des connaissances techniques. Mettant l’accent sur la fraîcheur et de hauts standards sanitaires, la coopérative baptisée Salinerito ouvrit plus de 20 fromageries dans la région de Salinas. Elle a également créé de nouvelles coopératives qui produisent aujourd’hui sur place du chocolat, des huiles essentielles, de la charcuterie, mais aussi des vêtements et des… ballons exportés dans tout l’Equateur et parfois dans le monde entier. Ici toute la vie tourne autour des coopératives et de la communauté. Un système vertueux qui permet visiblement à la population de vivre en harmonie.
L’idée n’est surtout pas de comparer leur mode de vie au nôtre. Mais force est de constater que pendant nos deux jours à Salinas nous avons surtout rencontré des gens heureux, bienveillants et souriants.

Le village étant tout petit (à peine plus de 1000 habitants) nous avons passé toute notre matinée à visiter les différentes coopératives de la commune. Les garçons en ont même profité pour acheter un nouveau ballon de foot fait main chez un petit artisan. Celui que nous trimbalions avec nous depuis notre départ étant resté derrière nous dans la soute d’un bus du côté de Tena.
Notre déambulation nous a également conduits jusqu’à la mine de sel (aujourd’hui abandonnée) située en bas du village.
Seule petite ombre au tableau, alors que nous avions plutôt bien encaissé l’altitude jusqu’ici, nous avons eu du mal à trouver notre second souffle sur les hauteurs de Salinas (le village est perché à 3 550 m d’altitude). Nous étions déjà montés plus haut depuis notre départ, mais ici chacun de nos pas nous donnait l’impression de peser une tonne, et le moindre escalier de plus de quinze marches s’apparentait à escalader un mini-Everest d’un point de vue respiratoire.
Ce qui ne nous a pas empêchés de nous offrir une autre petite rando à flanc de montagne avec les gars dans l’après-midi après le temps d’école. Et de finir la soirée autour d’un grand plat de pâtes carbonara dans un petit resto situé en face de notre hostal.
Au départ, Salinas ne figurait pas au programme de notre périple en Equateur, mais nous ne regrettons vraiment pas d’être sortis des sentiers battus dans le cas présent.

Mardi 12 septembre : En route pour Alausi (Merlin)

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Je me suis réveillé à 8 h. Après le petit déjeuner, nous avons pris une camionnette pour descendre de Salinas jusqu’à Guaranda. C’était impressionnant car le chauffeur se prenait pour Super Mario, le héros de jeu vidéo ! Il accélérait dans les virages. Mais Saïk qui était à l’avant à ses côtés n’a pas fermé les yeux.
Après nous avons pris  le bus pour Riobamba. Sur la route, nous sommes passés devant le volcan Chimborazo. Il était recouvert de neige. Il faut dire que son sommet est à plus de 6 000 m d’altitude. Du coup, comme on se trouve en Equateur, c’est le sommet le plus proche de la lune🌑.
J’aime bien ce volcan. Il m’a beaucoup intéressé, du coup j’ai pris plein de photos.
On s’est arrêté à Riobamba pour manger🌭et changer de bus.
Après deux nouvelles heures de voyage, on est arrivé à Alausi. Demain, nous avons prévu de prendre le train pour visiter la Nariz del diablo (le nez du diable).

Mercredi 13 septembre : le train de la Nariz Del Diablo (Estelle)

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Nous nous accordons ce matin un réveil naturel, 7h pour moi, 8h30 pour le reste de la famille. Je profite du temps seule pour mettre à jour le blog, charger nos photos (ça prend un temps fou) et passer commande de quelques fournitures que mes parents nous apporteront dans 15 jours lors de leur venue à Lima.

Au programme du jour, le train touristique de la Nariz del Diablo : un trajet à flanc de montagne d’une douzaine de kilomètres. La spécificité de ce train pas comme les autres et présenté comme le plus excitant et connu d’Amérique du Sud reside dans la prouesse technique mise en œuvre. Pour passer les lacets serrés le long de la montagne, le train avance et recule sur des segments en épingles à cheveux. Merlin vous explique avec un dessin cette technicité.

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L’ambiance dans le wagon est feutrée, les paysages magnifiques.
Malo est un peu déçu, il s’attendait à plus de sensations fortes !

Le train stoppe dans la gare de Simbambe  en plein milieu de la montagne, nous devons attendre une heure pour que la loco change de côté et que le train reparte dans l’autre sens.

La communauté locale des Tolteques nous présente des danses et nous explique leurs us et coutumes. C’est très intéressant mais les enfants n’accrochent pas. Ils se chamaillent, Merlin et Saïk en viennent aux mains et Sasa écrase ses lunettes. C’est la crise !!!

Penauds et confus, les deux partent se faire oublier dans des coins opposés. Je bouille et sens mes nerfs me lâcher. Je respire un bon coup, Yves me rassure. La situation se détend : Sasa réussit à redresser miraculeusement ses lunettes. Et nous remontons dans le train pour le trajet retour.

Le déjeuner, pris à 14:30, est l’occasion d’une mise au point : les derniers jours nous ont apporté quelques déconvenues (petits soucis gastriques, mise en place du suivi scolaire de Malo, pensées pour les copains qui se retrouvent à l’école). Chacun peut exprimer sa fatigue, sa lassitude dans le respect de la famille. On demande aux enfants si on peut continuer ou si on doit rentrer après ces deux mois de voyage.  D’une même voix, ils nous répondent on veut continuer !
On rentre soulagés et apaisés à l’hôtel. Place à l’école : maths pour Malo (corrigé du contrôle des vacances), montage des images du jour pour Sasa (on travaille l’organisation, la lecture) et arts plastiques pour Merlin (mise en dessin de la visite du matin).

Nous finissons la journée par une balade sur deux points culminants de la ville d’Alausi. Les enfants se lancent dans un jeu de cache-cache. Ils apprécient de se défouler.

Les photos

5 réflexions sur “Retour dans la Sierra : Riobamba, Salinas et Alausi

    • lesgourmtrotters dit :

      On grimpe mais jamais sur de longues distances. Même si les enfants marchent bien, on ne peut pas s’aventurer sur des rands trop longues. J’ai découvert et parcouru avec beaucoup de plaisir le blog de Philbert ce matin. Bravo à lui. Son projet était beau, sa réalisation est splendide. Je vous embrasse. Estelle

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  1. marc lambrechts dit :

    Merci pour ces aperçus textes et photos magnifiques de votre périple en Equateur (Estelle, tu as une belle plume, journaliste, ça te dis rien?!). Tout ça nous donne envie de préparer notre voyage an Pérou prévu en 2018 On finit « Stendhal et moi » (65% de tourné), on le monte et à nous l’Amsud!

    PS; pour le foot, avec Philippe Gilbert et Jacques, on reste sur une défaite internationale (en 3 contre 3) perdue 13_12 contre la Pologne en 2003.

    bon courage à toute la famille et à bientôt

    Maria, Marc, Ewa, Jacques L.i

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