Et maintenant ? … C’est l’aventure

Pourquoi avoir attendu cinq mois pour vous donner de nos nouvelles ? 

Nous avons tous les cinq ressenti le besoin de nous laisser du temps… Du temps pour vivre le retour ( les retrouvailles, le retour à nos habitudes) … et du temps pour le savourer, le regarder… pour mieux le digérer ce retour… avant de pouvoir écrire et exprimer notre ressenti. On a voulu que chacun de nous puisse s’exprimer. C’est pourquoi on a travaillé de manière indépendante les uns des autres, comme nous le faisions avec nos compte-rendus au jour le jour.  Voici nos écrits très personnels … ( excusez-nous si vous avez l’impression de lire plusieurs fois les même réflexions) 

Merlin, du haut de ses 8 ans, par facilité ou par réel manque de recul ( un peu des deux certainement) n’a pas réussi à poser ses idées sur papier. Peut-être plus tard… Mais pour le moment l’expression de Merlin sur le blog c’est le silence…

Saïk a choisi lui son média préféré. Let’s go !

C’est Malo qui a  trouvé le plus facilement les mots pour évoquer son état d’esprit. Il y a bien un mois que son texte attend d’être publié :


« Bon ça y est on est rentré, ce voyage était une expérience extraordinaire, fantastique, magique…. Enfin tout ce que vous voulez.
Après avoir passé quatre mois en France je vais essayer de faire un débrief et de vous expliquer comment s’est passé mon retour.                                                        

Premièrement, j’ai eu la chance de passer en 1ere littéraire, et ce sans examen. Le proviseur et l’inspecteur ont décidé que j’avais les capacités pour passer dans la classe supérieure. Je suis donc rentré au lycée, comme tout le monde, le jour de la rentrée des classes. J’avais un peu peur de ne pas m’y retrouver, dans une école que je ne connaissais pas, mais mes potes m’ont aidé en me faisant une visite du lycée, qui n’est, finalement pas si grand que je l’imaginais. Je n’ai pas fait que visiter, j’ai aussi repris les cours… Ça m’a fait un peu bizarre au début mais bon, on s’y fait.
En revanche, je n’arrive vraiment pas à comprendre pourquoi on y reste, presque tous les jours, de 8h à 18h… Les cours sont plutôt intéressants mais on ne peut pas rester actif et concentré pendant toute une journée… et encore je ne parle pas des devoirs à la maison.
À part ça, tout se passe très bien, j’ai l’impression de m’être bien intégré dans ma classe dans laquelle je ne connaissais presque personne (la plupart de mes amis ayant choisi la filière scientifique) et j’ai des notes correctes, mais bon, est-ce que c’est ça le plus important?                     
Dès mon retour en France, j’ai retrouvé toute ma famille, mes amis et ai bien profité d’eux pendant les vacances. Je me suis aussi remis au vélo, chose à laquelle j’ai rêvé pendant toute l’année.
En revanche, j’avais hâte de retrouver ma maison, ma chambre, mon lit… mais le fait de retrouver tout ça ne m’a fait ni-chaud, ni-froid. Je dormais presque aussi bien,  j’étais aussi à l’aise, heureux dans les yourtes mongoles.
Bon voilà, comme vous l’avez lu, de retour en France, j’ai tout retrouvé, comme avant, presque inchangé. Je suis quand même un peu nostalgique du voyage mais quand je repense à mon attitude pendant le voyage qui, à certains moments, était nostalgique de ma vie française, je me dis qu’il faut mieux essayer d’aller de l’avant plutôt que de rester bloqué dans la nostalgie du passé. »

Une touche féminine dans ce monde masculin. La parole est à Estelle

« Cinq mois que nous sommes rentrés, cinq mois que nous avons repris le cours de notre vie normale… Normale mais enrichie.

J’étais incapable d’écrire un bilan à chaud. Avec le recul de quatre mois ( un tiers d’année), je ne peux toujours pas écrire de bilan (au sens de point final) de cette aventure familiale pour la simple raison que cette aventure  n’est pas finie. L’aventure continue mais chez nous – entre école, boulot, loisirs avec nos amis et notre familles.
Je préfère évoquer notre année passée comme une PAUSE… et non une parenthèse. En plus à parenthèse, on associe souvent le qualificatif d’enchantée. Et je vous confirme que ce n’était pas enchanté, c’était simplement authentique et intense.

Pour ma part, j’ai été traversée de sentiments variés et parfois contradictoires. A l’instar d’un profond bouleversement, il m’a fallu accepter que c’était fini, que je devais continuer à avancer en retrouvant mes habitudes, retrouver mes objectifs routiniers.

J’ai retrouvé ma maison, mon travail, ma voiture, les enfants ont rejoint les copains  dans la classe supérieure. Tout s’est enchaîné en continuité. C’est certainement une chance… et pourtant ce retour à « comme avant » m’a paradoxalement déstabilisée !

J’étais sûre d’apprécier de retrouver ma grande maison, mon dressing… Je me rassurais avec cette dimension matérielle sur les derniers mois du voyage. Et pourtant, à peine le seuil de la maison franchi… j’ai pris conscience que ces murs, nos possessions matérielles étaient devenus très secondaires pour moi.

Je ressens et cultive le besoin de m’ancrer dans le présent, de le vivre pleinement. Comme l’ont très justement traduit nos amis de Very Family trip, c’est important de poursuivre l’aventure en gardant en nous notre capacité d’émerveillement qu’on a cultivé pendant un an.
C’était effectivement plus facile en voyage : le dépaysement et la sélection des sites visités, l’absence de routine et de grosses contraintes…
On a su entraîner nos esprits… sachons prolonger cet état d’esprit.

Pour évoluer dans la continuité et conserver l’énergie du voyage, j’ai ressenti le besoin de faire évoluer certaines pratiques.

Avant de partir, j’étais certaine que le yoga, la méditation ce n’était pas pour moi… et pourtant j’ai ressenti un besoin d’explorer ces pratiques douces d’ancrage corps-esprit. Etre bien dans mon corps et dans ma tête pour tenter d’enclencher autour de moi une vague communicative.

En un an d’absence, peu de choses ont changé et on ressent d’un autre côté des évolutions profondes. Le changement climatique, c’était déjà un sujet pour lequel j’étais très concernée. Au cours de notre aventure, nous avons eu de multiples occasions d’observer, d’expérimenter les évolutions des phénomènes terrestres, climatiques, de l’implication humaine… Nous avons alimenté ainsi de nombreuses discussion familiales. Qu’est qu’on peut faire de plus en rentrant ?

On se mobilise : on fait évoluer nos habitudes. On se questionne… on analyse ce que ça change pour nous… Et on apprécie… Cela participe à notre sentiment de vivre en conscience avec notre monde.
Et on essaie de mettre notre énergie, notre expérience et sa capacité à vous fasciner vous tous qui nous suivez… pour communiquer, interroger… et participer avec tous ceux qui croient qu’un changement de nos habitudes de consommation, de déplacement, de vie… est encore possible.

Alors oui je veux partager mon énergie et tenter d’inspirer une green attitude 🙂
L’aventure continue… ici et maintenant « 

L’honneur revient à Yves de boucler ce post :

« Quatre mois après la fin de notre voyage, les images se bousculent dans la tête. Que retenir à l’heure du premier bilan ? 

C’est un drôle de sentiment. En fait rien n’a changé autour du nous. Et pourtant, c’est comme si tout avait changé au fond de nous. 

Alors « Pas trop dur le retour ? ».

Depuis  le 1er août, il n’y a pas un seul jour où on ne m’a pas posé cette question. Moi qui m’était conditionné à répondre au fameux  « Alors, c’était quoi ton pays préféré ? », il m’a fallu quelques semaines pour aller chercher au fond de moi la réponse à cette interrogation existentielle. 

Aujourd’hui je n’en ai aucun doute. La réponse est non. Mille fois non ! 

Bien sûr, il m’arrive parfois de pester contre ce téléphone portable qui semble s’être déjà agrippé à ma main comme le scotch du Capitaine Haddock dans l’Affaire Tournesol. Mais objectivement cela reste un point de détail par rapport à tous les bienfaits que je trimballe dans ma valise depuis que je suis rentré à la maison en août dernier. 

Moins de stress, plus de sérénité, l’envie d’aller à l’essentiel, de s’engager pour des choses qui en valent vraiment la peine. Oui, ce voyage m’a profondément changé. Il m’a non seulement aidé à prendre conscience de la beauté et de la fragilité du monde qui nous entoure. Mais aussi de l’impermanence des choses et du fait que le bonheur reposait avant tout sur la façon que l’on avait d’appréhender le quotidien et la routine qui va parfois avec.

Une sortie à vélo avec Malo, une bière avec les potes, une bonne rigolade avec mes nouveaux collègues au boulot, toutes les occasions sont bonnes pour entretenir la magie de ce voyage. Je ne ressens aucune nostalgie. Juste la fierté de l’avoir fait. D’avoir osé aller voir ce qui passait de l’autre côté de la colline. C’est là, ancré au fond de nous. Cela fait partie de notre histoire. Mais la suite reste encore à écrire. J’ai l’impression que cette année n’a pas fini d’infuser au fond de moi. Mercredi, après avoir bossé une bonne partie de la nuit sur l’attentat de Strasbourg, j’ai soudainement été rattrapé par une envie de Patagonie. Et alors ? Qu’est-ce qui m’empêche de retourner là-bas ?

Finalement, après avoir vécu une telle aventure, il n’y a plus grand-chose qui nous effraie. Doit-on en avoir peur ? La réponse est non. Bien évidemment !

« Il n’y a pas de grand ou de petit voyage mais autant de voyages qu’il y a de feuilles sur l’arbre du voyageur »

a écrit un jour le poète écossais Kenneth White. 

Après l’aventure, l’aventure continue… »

4 réflexions sur “Et maintenant ? … C’est l’aventure

  1. Monnier Maëlle dit :

    Génial de vous lire ce dimanche matin !!! C’est bien plus intéressant que les News du moment… Bravo pour cette belle philosophie de vie sur votre aventure et le retour à la maison ! Estelle on mange à côté mardi midi pour que tu menrichisses ?!?😉
    La bise

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  2. Pavy Mélina dit :

    Une bonne dose de positivisme en ce dimanche matin,quel bonheur de vous lire tous.
    Quand je t’ai croisé Estelle il y a qqs semaines, ces qqs minutes à te parler, ont été d’un profond sentiment de quiétude. Une énergie positive de dégage et cela m’a fait énormément de bien.
    Continuez votre voyage, votre aventure et partagez!
    Merci mille fois.
    Mélina

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  3. Clémence dit :

    Chers Gourm’ trot’,

    Votre article m’a profondément ému, je trouve ça tellement beau la manière dont vous témoignez votre ressenti, chacun à votre façon. Le fait que vous ayez vécu ça tous ensemble est quelque chose de profondément fort qui vous liera d’autant plus toute votre vie. Vous êtes une sacrée famille 🙂
    Que nous sommes heureux de vous avoir rencontré lors d’un de vos périples, et pas des moindres (quelle aventure unique la Mongolie quand même !). Et au plaisir de se revoir bien vite.

    Noroc ! (vous n’avez pas fait la Roumanie – Moldavie il me semble, mais ça veut dire « Salut » et aussi « Chance », tout ce qu’on vous souhaite).

    Clémence & Antoine

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